Les Amis de Saint-Papoul

L'Orgue de l'Eglise de Saint-Papoul

L’orgue de l’église (abbatiale et cathédrale) de Saint-Papoul a été installé dans ce lieu en 1740, par Pierre de Montbrun (Pézenas 29 décembre 1692 – Rieux 3 septembre 1748). La police en avait été passée le 23 janvier 1739, par G. Bardichon, chanoine syndic. La réception  est prononcée le 19 juin 1740, par le même, et Mariéjols, chanoine député du chapitre[1]. Selon le devis que présentera plus tard J.-F. Lépine, l’orgue comportait un clavier et demi et un pédalier, le buffet était plaqué contre le mur. La composition était la suivante :

I – Grand-Orgue, 48 notes : Bourdon, Prestant, Nazard, Doublette, Tierce, Cornet, Fourniture, Cymbale, Trompette, Voix humaine.

II – Echo (25 notes) : Cornet,  Pédale : Flûte, Trompette

 En 1761, le chapitre fait appel à un autre piscénois, Jean-François Lépine (1732 – 1811), pour une augmentation de l’orgue : il juge indispensable d’avancer le buffet pour qu’on puisse passer derrière l’orgue, et propose l’ajout d’un Positif, le tout impose de refaire complétement la tribune, travail confié à Guillaume Rastouil, sculpteur à Saint-Papoul, qui démonte et remonte le grand buffet, en lui donnant plus de hauteur, et fabrique celui du Positif. Une première police est passée le 25 juillet 1761, entre Lépine et le chanoine Plagniolle, syndic du chapitre, puis une seconde, le 29 mars 1762, pour l’agrandissement de la Pédale, les accords avec Guillaume Rastouil datent du 28 juillet 1761[2]. Il semble toutefois que les engagements pris aient été dépassés : le grand buffet semble avoir été élargi, et a reçu une Montre 8’ non prévue (en remplacement de la Voix humaine), au Positif, Fourniture et Cymbale prévus séparés sont réunis sur un seul registre, et un jeu est ajouté[3]. La composition de l’orgue Lépine pourrait être la suivante :

I – Positif, 48 notes : (Dessus de) Flûte, Bourdon, Montre 4’, Nazard, Doublette, Tierce, Larigot, Plein-Jeu V, Cromorne.

II – Grand-Orgue, 48 notes : Montre 8’, Bourdon, Prestant, Nazard, Doublette, Tierce, Cornet, Fourniture, Cymbale, Trompette.

II – Echo (25 notes) : Cornet

Pédale (26 notes) : Flûte 8’, Flûte 4’, Trompette, Clairon.

Au moins deux accessoires : tremblant doux et tremblant fort.

 

  L’orgue a subi des modifications au cours du xixe siècle, qui ne sont pas documentées. Il semble avoir perdu son plan sonore d’Echo, les claviers, ramenés à deux, auraient été remplacés, ainsi que le pédalier, réduit à 15 notes, la mécanique semble avoir été modifiée, le diapason légèrement relevé[4], et la soufflerie transformée, par remploi des quatre soufflets cunéiformes, deux servant de pompes et deux autres de réservoirs

 

L’orgue a été classé au titre des Monuments Historiques, le 16 août 1967 pour les buffets, et le 6 février 1974 pour la partie instrumentale.

 

La tribune date de 1761, édifiée par Guillaume Rastouil, elle est de plan chantourné, et repose sur deux colonnes doriques. La structure en est en bois (chêne), avec un vide à l’inté­rieur (par où passe le porte-vent principal de l’orgue), décor en plâtre, formant un entablement classique avec architrave, frise (peinte en jaune) et corniche. Garde-corps en fer forgé. Sous-face en plâtre, surface en plancher de chêne (?), en mauvais état et très sale.

En arrière du mur pignon, fort massif occidental, abritant une sorte de narthex, commu­niquant avec la nef par une petite porte sous la tribune (autrefois grande porte en plein-cintre). Salle oblongue voûtée en plein-cintre, qui permet l’accès à un escalier en vis montant à des salles aux étages du massif occidental. A mi hauteur de ce narthex, un plancher (en peuplier) a été installé, qui porte la soufflerie de l’orgue, accessible par un frêle escalier aussi en peuplier, en fort mauvais état, avec une porte fermant l’accès au niveau de la rotation de l’escalier. Au fond (dans l’alignement du départ de l’escalier) l’ancien accès occidental, muré (dont la partie haute est obturée par le plancher de la soufflerie). Le sol est en terre battue.

 

Le plancher supportait une soufflerie composée de quatre soufflets cunéiformes alignés, qui ont été déplacés, superposés et remaniés, dans un bâti en bois blanc, en partie encastré sous le second escalier (qui mène à la tribune). Sur le plancher, ainsi que dans la voûte, traces et vestiges de l’installation originelle des soufflets.

Du plancher, à l’extrémité orientale, second escalier, perpendiculaire, menant à un passage dans la muraille, lui-même muni de 5 marches (recouvrant le porte-vent principal), pour accéder à la tribune, derrière l’orgue, le palier (à l’arrière de la muraille) est équipé d’une balustrade en bois (avec balustres tournés).

 

La soufflerie, placée en arrière de la muraille, est un curieux montage du xixe siècle, qui remploie les quatre soufflets cunéiformes anciens (trois seraient de Montbrun, un de Lépine), sur un bâti en résineux, sur deux niveaux : en bas, deux soufflets convertis en pompes, maniées au pied (avec un débattement invraisemblable) qui envoient le vent par un porte-vent en bois, qui contourne les soufflets latéralement, aux deux soufflets placés au-dessus, qui servent de réservoir. Ces soufflets portent des réparations à l’aide de papier tiré d’anciens antiphonaires. Ils sont dans un état calamiteux, mais restaurables. Un porte-vent passe sous l’escalier et traverse le plancher de tribune pour aboutir dans le soubassement. Il reste sur les porte-vent les vestiges de deux tremblants. Les sommiers de Pédale sont curieusement alimentés par les layes des sommiers de Grand-Orgue. La disposition des soufflets superposés n’est pas une solution viable : en cas de restauration de l’orgue, il conviendra de rétablir les soufflets alignés, en se basant sur les quelques vestiges d’emplacements encore visibles sur le plancher et dans la voûte. Si l’on doit un jour rétablir l’accès occidental au travers du narthex, le niveau du plancher de soufflerie devrait être remonté, ce qui semble possible sans trop remettre en cause le plan de la soufflerie, en revanche, se posera la question de l’emplacement de l’escalier, qui se trouve actuellement quasiment devant l’ancienne porte extérieure.

 

Cet ensemble est en très, très mauvais état. L’instrument n’existe plus, il en reste quelques éléments épars. Il ne sera en état de fonctionner qu’après de très importants travaux de rénovation (reconstruction ?) qui demanderont un financement très important.

 

 

D’après l’étude de Monsieur Roland Galtier, Technicien-Conseil agréé.

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[1] - Abbé Xavier Azema, « Un facteur d’orgues piscénois peu connu : Pierre de Montrbrun (1692-1748), Hommage à Jacques Fabre de Morlhon (1913-1976). Mélanges historiques et généalogiques Rouergue-Bas languedoc, rassemblés par Jean Denis Bergasse, Albi, atelier professionnel de l’O.S.J., 1978.

[2] - Jean-Louis Bergnes, Jean-François Lépine, facteur d’orgues languedocien, Béziers, Société de musicologie du Languedoc, 1983.

[3] - Jean-Pierre Decavèle, Saint-Papoul, église abbatiale Saint-Papoul (ex cathédrale), rapport sur le grand orgue de tribune, février 1998. Le jeu supplémentaire au Positif (en remplacement de la division du Plein-Jeu) serait selon J.P. Decavèle un dessus de Flûte, toutefois, la chape est percée en totalité.

[4] - Etude de J.P. Decavèle citée.

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